L’omniprésence des écrans dans notre vie quotidienne pose un défi majeur aux parents du 21ᵉ siècle : quelles sont les limites de temps d’écran idéales pour nos enfants, en fonction de leur âge ?
Les conclusions de l’étude menée par Santé Publique France en janvier 2020 sont alarmantes : un usage excessif des écrans chez les enfants peut avoir des répercussions graves sur leur santé physique, mentale et leur développement social, ainsi que l’a rapporté le magazine Parents. En outre, toujours selon une étude de Santé Publique France datant, cette fois-ci, d’avril 2023, les habitudes d’utilisation des écrans chez les enfants français, âgés de 2 à 5 ans et demi, sont révélatrices de tendances préoccupantes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à l’âge de 2 ans, les enfants passent en moyenne 56 minutes par jour devant un écran, tandis qu’à 3 ans et demi, ce chiffre grimpe à 1 heure et 20 minutes, pour atteindre 1 heure et 34 minutes à 5 ans et demi.
Ces données suscitent des inquiétudes, d’autant plus lorsque l’on se réfère aux recommandations du docteur en psychologie et psychiatre Serge Tisseron. Celui-ci a établi la règle des « 3-6-9-12 » à l’intention des parents, définissant des lignes directrices en fonction de l’âge des enfants en ce qui concerne l’utilisation des écrans. L’expert recommande ainsi : « Avant 3 ans, évitez la télévision et les écrans passifs pour les tout-petits, car ils contribuent à renforcer la passivité des jeunes enfants et à les éloigner de ceux dont ils ont fondamentalement besoin à cet âge : interagir avec leur environnement en utilisant leurs sens (toucher, voir, entendre, bouger, etc.). »
Un usage des écrans sans danger pour les enfants
À partir de 3 ans, on peut introduire la télévision, mais avec modération, car, selon le psychiatre, « l’enfant renforce ses acquisitions et commence son apprentissage de l’autorégulation. Les limites imposées au temps d’écran doivent en faire partie : de 1/2 heure à 3 ans à 1 heure maximum par jour à 6 ans. » Durant cette période, l’utilisation de l’écran devrait se traduire par un moment d’échange avec un parent, où l’on aborde avec l’enfant ce qu’il a visionné, ses impressions, et ce qui l’a particulièrement captivé. Il est essentiel de veiller à ce que l’écran ne fasse pas partie de la chambre de l’enfant, mais soit situé dans un espace commun. De plus, il ne devrait pas être utilisé pour apaiser l’enfant en soirée (étant donné que les LED peuvent perturber les cycles de sommeil) ni au moment des repas.
Pour les enfants de 3 à 6 ans, l’achat de consoles de jeux est à éviter, et il est conseillé de ne pas installer d’écrans (télévision ou ordinateur) dans la chambre des petits. Selon les recommandations de Serge Tisseron, il est essentiel de « définir des règles claires quant au moment et à la durée d’utilisation de l’écran. Favorisez les activités en groupe ou en famille plutôt que de laisser votre enfant en solo devant son écran, ce qui pourrait l’amener à développer une attitude compulsive et à s’enfermer dans le monde virtuel pour échapper à la réalité ». Entre 6 et 9 ans, délimitez un temps d’écran autorisé tout en donnant à l’enfant la liberté de choisir quand l’utiliser. Assurez-vous que le contrôle parental est en place sur tous les appareils, et encouragez l’enfant à consacrer du temps aux activités en plein air, comme le sport.
À partir de 9 ans, il est essentiel de sensibiliser l’enfant aux dangers d’Internet, en lui expliquant que tout ce qui est publié en ligne peut devenir public, indélébile, et parfois trompeur. Limitez toujours les heures de navigation sur Internet et le temps passé devant la télévision ou les jeux vidéo, tout en laissant à l’enfant la liberté de gérer ce temps entre les différents écrans. À partir de 12 ans, si l’enfant a acquis une compréhension adéquate des risques associés à Internet et aux réseaux sociaux, il peut explorer le web de manière autonome. Cependant, il est essentiel d’établir un cadre : définissez ensemble les créneaux horaires d’utilisation, informez-le sur les dangers de la pornographie et du harcèlement en ligne, et discutez des aspects légaux du téléchargement.